L’économie sénégalaise repose notamment sur l’agriculture qui souffre d’une dépendance excessive aux conditions climatiques et d’un accès limité aux intrants modernes. L’élevage, de son côté, fait face à des problèmes de déficit de pâturages et de dégradation du couvert végétal. La pêche, quant à elle, est confrontée à une raréfaction des ressources halieutiques du littoral, consécutive à une surexploitation des zones de pêche.
Par ailleurs, l’accès limité aux financements adaptés reste l’une des principales contraintes pour ces secteurs. Ce déficit de financement freine l’adoption de technologies modernes, limite l’accès aux intrants de qualité et restreint la capacité des producteurs à augmenter leur productivité et leur compétitivité.
Face à ces défis, les institutions de microfinance (IMF) jouent un rôle crucial. Elles sont souvent perçues comme des acteurs clés pour pallier les défaillances du système bancaire traditionnel et offrent des services financiers aux petits producteurs agricoles, éleveurs et pêcheurs. Les IMF sont donc considérées comme des catalyseurs du développement rural, en particulier, dans des contextes où l’accès aux crédits formels est difficile pour les acteurs les plus vulnérables. Cependant, malgré leur potentiel, plusieurs questions subsistent quant à l’efficacité réelle des IMF dans le financement des secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
C’est dans ce contexte que la Direction de la Réglementation et de la Supervision des Systèmes financiers décentralisés (DRS-SFD) s’est proposée de réaliser cette étude dont l’objectif est de mieux cerner la portée des interventions financières des IMF dans les secteurs agricoles, pastoraux et halieutiques. En outre, ladite recherche permet d’identifier les contraintes auxquelles sont confrontées les IMF dans le financement de ces secteurs clés de l’économie sénégalaise.
Au terme de la collecte et du traitement des questionnaires, les données ont été validées pour quarante et une (41) institutions couvrant 96,4% de l’encours de crédit en 2023. Ces institutions sont constituées par cinq (05) réseaux, cent quarante et une (141) caisses affiliées, sept (07) sociétés anonymes, vingt-sept (27) caisses isolées de type mutualiste ou coopérative et deux (02) associations. Ces institutions sont présentes sur l’ensemble des régions et leur production de crédit destinée aux secteurs, objet de la présente étude, représente 96% des financements de même nature levés par le secteur de la microfinance en 2023.
Les résultats de l’étude révèlent que le volume de financement cumulé, accordé par les institutions de microfinance aux trois principaux sous-secteurs du primaire, s’est établi à 93 228 millions de francs CFA en 2023, après 60 063 millions de francs CFA en 2021 et 76 779 millions de francs CFA en 2022. Ces montants sont majoritairement destinés aux agriculteurs (52%) et aux éleveurs (45%) qui concentrent, en moyenne, 97% des crédits décaissés entre 2021 et 2023. Le financement agricole, plus dynamique, passe de 33 692 millions de francs CFA en 2021 à 47 835 millions de francs CFA en 2023, après deux hausses successives de 12,7% et de 26,0%.

